Avec l'avènement des smartphones, réseaux sociaux, et autres tablettes connectées, est apparu un phénomène d'addiction aux appareils et applications numériques.
En effet, selon une analyse du psychologue Michael Stora, avec l'évolution des technologies de connexion (4G, Wifi, etc.) et l'avènement des écrans tactiles, nous avons vu se développer ce qu'il appelle "l'Internet-réalité", à travers des applications telles que Facebook. Cette évolution qui n'est plus un Internet créatif mais un Internet idéalisé et narcissique pousse les utilisateurs à devoir faire du "comme si" : "Les internautes se doivent d’aller bien et de poster des messages affligeants de leur bonheur et réussite, même si c’est faux. Il faut correspondre à une apparence, à un canon, à l’image du like (dans le fait d’être « comme »).". [1]
Internet a donc évolué vers un univers de fragilité narcissique et idéalisée qui peut être combattu de trois manières selon Michael Stora :
"la première est de faire preuve de créativité, ce qui est difficile dans un monde digital qui ne le permet pas ; la seconde, c’est en faisant preuve de second degré et d’humour qu’on peut se défendre et échapper à la pression de réussite ; enfin la 3e est quand l’objet prend une dimension antidépressive mais qui peut nous faire entrer dans une boucle addictive...". [1]
Et de nous rappeler qu'Internet et le monde digital peut créer de vrais cas d’addiction comportementale. Car, comme le précise Michael Stora : "On retrouve ainsi le circuit de la récompense qui donne des décharges de plaisir dans les jeux vidéo en ligne ou dans le fait de collectionner les « like ».". L’utilisation quotidienne d’Internet "peut créer une dépendance pathologique affectant le moral, la concentration et le sommeil, et ce, tant chez les jeunes que chez les adultes". [2]
Ces addictions ne se limites plus "aux passionnés" de jeux vidéo en cours de déscolarisation, mais à une frange beaucoup plus large d'utilisateurs. En effet, comme le souligne Michael Stora : "Aujourd’hui, on a tous des comportements compulsifs comme dégainer son smartphone pour voir si on a des commentaires ou lire un mail sont des signes d’addiction et d’hyperconnexion. Un geste proche de l’idée de la cigarette pour calmer ses pressions intérieures.". [1]
L'addiction est le plus souvent remarquée par l'entourage de la personne hyperconnectée, "quand elle ne lâche pas les écrans ni même à table ou en vacances.". Et cette addiction peut se porter sur diverses applications ou divers actes, comme surfer sur les réseaux sociaux, jouer à des jeux en ligne, consulter les infos en continu, etc. Pour Michael Stora ces comportements peuvent prendre la forme de compulsion et révéler chez certains une forme de dépendance affective. [1]
Semaine transverse : Hyperconnexion numérique & hyper-transparence des données - Pôle Universitaire Léonard de Vinci
Mais le monde digital et Internet n'est pas qu'une source de problème d'addiction, ils peuvent également être utilisés comme une technique thérapeutique. Comme le précise Michael Stora, les jeux vidéo peuvent être des supports thérapeutiques et le monde digital en général peut être utilisé comme auto-thérapie. Car comme l'explique Michael Stora : "Ainsi, certains individus très inhibés, qui n’osent pas, peuvent à travers un avatar incarner un autre aspect d’eux qui d’habitude leur font peur.". Ces donc un moyen de désinhibition au travers de la simplification des rencontres, de la possibilité d'expresion de sa créativité, et de rapprochement des utilisateurs au travers des forums et autres communautés virtuelles thématiques. [1]
Mais, dans cette univers digital, il sera à craindre, dans les années à venir, une évolution transhumaniste et un monde encore plus coupé du réel. Néanmoins toutes ces évolutions annoncent des innovations utiles aux êtres humains et à leurs santé. Bien que selon Michael Stora :
"Cela crée un modèle économique et une société qui prône une forme de transparence mais une transparence régressive dans la capacité à nous rendre intelligent. Et cela m’inquiète. Heureusement, l’homme peut chercher à se déconnecter. Il y aura de manière invisible une sorte de bataille entre l’appauvrissement et l’enrichissement de l’être humain, entre l’internaute et les créateurs.". [1]
[1] Michael Stora, in Mélodie Moulin, "Hyperconnexion : que cache notre addiction au numérique ?", https://culture-formations.fr/hyperconnexion-pourquoi/ [2] Hautefeuille, M. et Véléa, D., in Agence Science-Presse, "D’hyperconnecté à unplugged", https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/dire/2018/03/09/hyperconnecte-unplugged
La déconnexion
Face à cet environnement d'hyperconnexion, certains usagers cherchent un nouvel équilibre dans leurs usages de la technologie. Or, tant les institutions, que les médias et les établissements scolaires nous poussent dans cette environnement d'information et de communication instantanées.
La question de savoir comment trouver un équilibre entre les bénéfices et les inconvénients de cet univers d'Internet se pose donc. Et la réponse des experts en santé n'est autre que "la déconnexion est absolument nécessaire afin de se préserver des maux associés à la cyberdépendance". [1]
Comment faire donc alors qu'Internet nous est indispensable pour nos loisirs, notre vie professionnelle, notre quotidien ? Nous devrions modifier notre façon de consommer l'information numérique et la consommer plus intelligemment, comme nous le suggère tant les utilisateurs avisés que les journalistes, avec un mouvement appelé "slow média", qui fait référence à "une production et à une consommation réfléchies des médias (c’est-à-dire tout outil ou plateforme permettant la diffusion d’un message, d’une information de toute nature), pour apprécier la qualité de l’information plutôt que sa quantité.". [2]
La déconnexion est par ailleurs l'occasion de renouer avec des activités non moins enrichissantes telles que lire un livre, écrire, écouter la radio, dessiner, etc. Car il est important d'avoir une attitude active et réfléchie de consommation des contenus médiatiques. De plus, les effets de la consommation numérique sur l'environnement ne sont pas négligable.
Ecran total, le cerveau hyperconnecté - Documentaire - France 5 - sous-titrage SME - Doc Unv
Lapratique individuelle du slow media peut aller "de la déconnexion complète au choix conscient des médias qui seront consommés.". [2]
Chaque consommateur d'information numérique peut donc, en fonction de ses contraintes ou raisons personnelles, adopter la consommation intelligente qui lui convient.
Les industries cultuelles commencent à proposer des contenus médiatiques pour ce nouveau type de consommateur permettant une consommation plus adaptée, et une journée est dédiée à la déconnexion depuis 2010 aux États-Unis, la National Day of Unplugging, et depuis 2017 en France le Code du travail établit le droit à la déconnexion dans les entreprises de plus de cinquante travailleurs.
A chacun donc de devenir des consommateurs de médias intelligents sachant équilibrer sa vie personnelle et professionnelle, ses besoins et ses contraintes.
[1] Jauréguiberry, F., in Agence Science-Presse, "D’hyperconnecté à unplugged", https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/dire/2018/03/09/hyperconnecte-unplugged [2] Agence Science-Presse, "D’hyperconnecté à unplugged", https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/dire/2018/03/09/hyperconnecte-unplugged
Bienvenue sur Cybersociety - La société cybernétique
Ce site utilise des cookies. En poursuivant votre visite, vous acceptez leur utilisation. Accepter Refuser Fermer