Le transhumanisme apporte une idée de changement. Ce changement vers lequel le transhumanisme veut nous conduire est un changement d'ordre biologique, ainsi : "il deviendra bientôt possible de jouer sur ces caractéristiques biologiques : allongement de l’espérance de vie, amélioration de nos capacités cognitives, organes artificiels..." [1].
Un autre changement vers lequel nous mène le transhumanisme est un changement d'ordre philosophique. Notre humanité, vu sous cet angle : "implique des qualités que nous pensons (à tort ou à raison) propres à nous : intelligence, empathie, créativité, sensibilité artistique..." [1].
Le transhumanisme va-t-il nous déshumaniser en modifiant notre humanité biologique et philosophique ? Certains le pensent ?
L'amélioration des aspects biologiques de notre humanité a comme influence de nous permettre de plus facilement améliorer nos aspects philosophiques. Ainsi cela devrait, pour les transhumanistes, nous rendre plus humain car en améliorant nos capacités physiques et cognitives, nous ne ferions que développer notre humanité.
Conférence Proclero : "Transhumanisme et nouvelles technologies : enjeux et défis" Meeschaert
Le transhumanisme se veut un mouvement émancipateur par la connaissance : "La quête du savoir est au premier plan du transhumanisme (...). Ce savoir doit idéalement être gratuit et accessible au plus grand nombre : open data, e-learning, vulgarisation scientifique..." [2].
Ainsi : "Dans l’idéal, un humaniste souhaite à son prochain de pouvoir se libérer du labeur et de la nécessité, pour pouvoir se consacrer à l’art, la science, la connaissance et la création. Le transhumanisme va plus loin en proposant de se libérer par le dépassement progressif de nos limites biologiques." [2].
Pour ce faire, le transhumaniste a pour principe essentiel l'auto-determination, et : "la liberté de disposer de son propre corps comme on l’entend, tant que cela ne nuit pas à autrui ou à la société." [2].
Le transhumanisme se veut donc être une quête de réponses à des questions plus fondamentales sur le devenir de l'humain et du développement de ses qualités.
[1] Alexandre, "Rester humain... ou devenir plus humain ?", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 10/07/2016, https://transhumanistes.com/rester-humain-ou-devenir-plus-humain/ [2] Alexandre, "Le transhumanisme est-il un humanisme ?", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 5/02/2017, https://transhumanistes.com/le-transhumanisme-est-il-un-humanisme/
Finitude
La finitude de l'homme est un concept des plus important dans le transhumanisme. Même si le transhumanisme privilégie l'approche scientifique à la croyance, il partage avec la religion le besoin d'échapper à notre finitude.
La religion a apporté une réponse au besoin de dépasser cette contrainte qu'est la finitude : "Pour échapper à cette finitude, le croyant cherche à se rapprocher de Dieu, un être infini et omniscient (ou d’un panthéon de dieux, ou de forces primordiales…). Sa vie est consacrée à cet effort, et la mort lui donne accès à un nouveau plan d’existence, libéré des contraintes du monde matériel." [1].
L'amélioration de nos capacités biologiques serait pour le transhumanisme un moyen d'échapper à cette finitude, sans exclure la voie religieuse : "Pas nécessairement une voie excluant la première [ndlr:religieuse], mais simplement un autre outil pour poursuivre cette quête." [1].
Et pour le transhumanisme, l'augmentation de nos capacités, de notre conscience, de notre intelligence pourrait nous apporter l'immortalité, et ce rejet de la mort serait un point commun avec la religion, car : "La religion promet la vie éternelle après la mort, ou la réincarnation jusqu’à l’accession au Nirvana. Cela ne témoigne-t-il pas d’un puissant rejet de la mort en tant qu’annihilation totale de l’être, en tant que perte radicale de sens ?" [1].
Le transhumanisme, de part son aspiration à l’immortalité, aurait la même quête que la religion : "Une quête de dépassement de notre condition mortelle et limitée, et d’accession progressive à ce que notre esprit peut concevoir." [1]. Un aute point de vue ne serait autre que la religion nous aide à appendre à accepter cette finitude de nos êtres, comme de tout chose.
[1] Alexandre, "Religion, Transhumanisme et quête de transcendance", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 5/08/2017, https://transhumanistes.com/transhumanisme-religion/
Amélioration Morale
Le projet transhumaniste prône également l'émalioration de notre société. Par l'amélioration individuelle, nous pourront aboutir à une amélioration collective.
Le transhumanisme se veut également moyen de la transformation morale de l'homme: "Or, malgré des siècles de législation, de culture, d’éducation et de philosophie, les progrès de ce que les philosophes des Lumières appelaient la Vertu semblent buter sur ce qui reste jusqu’à aujourd’hui la condition biologique de l’humain." [1].
Les limites des progrès moraux de l'homme se trouveraient donc dans ses limites biologiques, car : "nous sommes toujours génétiquement prédisposés à survivre dans les conditions antérieures à l’époque de l’Holocène. Un temps où les humains, organisés en petites communautés nomades, parfois très éloignées les unes des autres, devaient être capables d’affronter l’incertitude perpétuelle de manger à leur faim, les intempéries, les autres animaux, tous les dangers enfin de la vie sauvage." [1].
Notre capacité d'empathie ne serait pas adaptée à notre humanité actuelle car : "À l’origine, nous serions approximativement susceptibles de ressentir de l’empathie dans les cercles de notre famille, de notre tribu, voire au plus de notre clan. (...) En conséquence, nos cerveaux actuels ne seraient pas bien aptes à envisager une cohabitation pacifique, pour ne pas parler de sentiment de communauté d’appartenance, à l’échelle des sociétés humaines contemporaines qui se comptent en millions et en milliards d’individus." [1].
Les réponses actuelles des humanistes à nos tendances à l’agressivité, à la domination, et nos limites d'empathie, ne sont, pour les transhumanistes, pas suffisamment adaptées à une vie humaine mondialisée : "Alors que l’accumulation de leurs progrès techniques, politiques et sociaux depuis la Renaissance et le siècle des Lumières leur avaient fait espérer en un avenir « positivement » radieux, leur modernité a accouché de barbaries impensables." [1].
Mais des solutions pour améliorer nos comportements sociaux pourraient apparaitre avec l'évolution de la technologie, ainsi : "Durant des siècles, nos capacités à intervenir techniquement sur nos prédispositions morales ont été empiriques et dérisoires. Leur utilisation a presque toujours été dangereuse et souvent catastrophique." [1].
Les progrès technologiques et en neuroscience sont, pour les transhumanistes, une voie qui pourrait pemettre des avancées morales par la pharmacopée des psychotropes, la microchirurgie, les implants cérébraux, ou encore le génie génétique.
Moral est ici pris dans le sens de ce qui peut nous rapprocher d’une vie sociale juste et harmonieuse, et ils "seraient individuellement et collectivement souhaitables la possibilité de choisir une capacité à réguler ses émotions, une amélioration de notre capacité à se projeter dans la vie, à développer notre curiosité, notre compassion, notre sens de l’humour, notre tolérance, notre faculté de supporter l’incertitude..." [1].
Et la mise en oeuvre de ses améliorations "morales" peut se faire de manière à : "opter pour une amélioration dont nous savons qu’elle va modifier quelque chose d’intime dans notre biologie parce que nous en attendons un surcroît de bonheur et de sérénité personnelle et davantage d’harmonie et de justice sociale. Il ne serait donc pas question d’une quelconque coercition autre que celle que nous décidons de nous imposer à nous-mêmes." [1].
La question que pose cette "amélioration morale" est sa transmission ou son mode d'adhésion qui ne laisse pas de vrais choix aux enfants. En effet, les transhumanistes ne prônent pas d'avantage que d'autres philosophies morales, l'adhésion parentale : "Il faut également préciser que ce type de choix libre et responsable devrait être valable en tant que parents, d’enfants à naître ou mineurs. D’un point de vue transhumaniste, il est clair que, dans le respect de la nécessaire protection sociale de l’enfance, il ne peut relever que de la responsabilité des parents de choisir (ou d’accompagner le choix d’un adolescent) de faire développer la potentialité d’une amélioration morale chez leurs enfants." [1].
La modification biologique influençant le comportement moral des enfants pose la question du libre-arbitre. Question à laquelle les transhumanistes répondent : "C’est là, je pense, tomber dans l’excès d’une projection fantasmatique de notre degré de maîtrise. (...) Autrement dit, pas plus qu’une éducation donnée ou une culture donnée ne sont des conditions suffisantes pour tracer le destin d’un individu, une « amélioration morale » d’origine technologique n’aura pour conséquence de le priver de sa liberté fondamentale." [1].
Les avantages d'une amélioration morale sont donc non négligeables pour les transhumanistes, car : "Que pourrait devenir une ou des sociétés humaines dans lesquelles le besoin de dominance serait amoindri, des relations humaines dans lesquelles la compréhension émotionnelle de l’autre et la compassion seraient davantage répandues, des organisations politiques au sein desquelles les élus ne seraient pas prioritairement motivés par le besoin de reconnaissance ou la soif du pouvoir mais par le désir authentique de servir les concitoyens, des relations intercommunautaires qui auraient beaucoup plus de mal à considérer la violence comme une solution ?" [1].
Transhumanisme - KTOTV
Ainsi pour les transhumanistes, l'éducation que nous apportons aujourd'hui à nos enfants pour leur inculquer des principes moraux pourrait trouver une aide dans la technologie, ainsi : "(...) [l'éducation] cela pourrait être aidé par certains produits ou certains choix prénataux (toujours dans ces mêmes limites d’acceptabilité). Nous ne parlons pas ici de concevoir un fantasmatique « homme parfait » (qui peut prétendre définir la perfection ?), mais d’évoluer en expérimentant par petites touches, vers des prédispositions biologiques plus favorables à notre harmonie individuelle et collective, comme nous le faisons déjà dans la plupart des domaines : santé, politique, éducation…". [2]
Ce discours de la "régulation de la bonne morale, de la bonne éducation, et des bons instincts" par la technologie peut faire craindre l'asservissement progressif d'un peuple pucé depuis sa naissance à des fournisseurs de l'industrie "de la bonne morale". Cette tendance à l'élévation spirituelle de l'homme par la technologie peut être une nouvelle source d'inégalité et de discrimination, celle de la discrimination "morale". Là encore ce pose la question du droit à ne pas vouloir être augmenter ou de l'impératif de l'être pour être intégré dans ce type de projet de société transhumaniste.
[1] Marc Roux, "De l’amélioration morale", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 26/04/2015, https://transhumanistes.com/de-lamelioration-morale/ [2] Alexandre, "Augmentation cognitive et morale", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 10/01/2017, https://transhumanistes.com/augmentation-cognitive-morale/
Transhumanisme : Déclaration des droits de l'homme
Pour le transhumanisme, la déclaration universelle des droits de l’homme, signée le 10 décembre 1948, prônait déjà la quête vers l'amélioration de la condition humaine par le développement des savoirs et l'amélioration de la santé.
Alors qu'en 1948, il était encore inimaginable de surfer sur le Net et de consulter des encyclopédies telles que Wikipédia, le partage des connaissances et l'épanouissement culturel ont été érigés en droit. : "Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.". (Art. 27, Déclaration Universelle des Droits de l'Homme)
L'OMS, Organisation Mondiale de la Santé, créée la même année aurait aussi un caractère transhumaniste. Ainsi, le transhumanisme serait une application, de part la quête d'amélioration de la santé et d'un état de bien-être physique, mental et social, d'une certaine interpretation, de ces deux fondements de notre société moderne, ainsi : "Les humains peuvent s’améliorer simultanément par leur volonté de mieux vivre ensemble et par les technologies. Un monde technoprogressiste est possible où les humains sont de plus en plus interconnectés, utilisent de plus en plus des technologies nouvelles et durables un monde où les droits humains sont mieux respectés, plus collectifs et permettent plus d’harmonie." [1].
Certes, l'amélioration de la santé ou l'accès aux savoirs sont sources de liberté et d'égalité, mais il n'en reste pas moins que les conditions d'accès à ces améliorations, elles, sont moins universelles.
Le transhumanisme a conscience de cette limite d'accès et l'a fait savoir dans sa Déclaration Technoprogressiste dans laquelle il précise sa vision : "Notre vision inclut une abondance durable d’énergies propres, de nourriture saine, de biens matériels et de logements, des soins médicaux abordables, l’intelligence et le bien-être mental pour tous, et du temps libre pour la créativité. Tout cela sera permis par l’application de technologies convergentes, sans abandonner personne sur le bord de la route." [2].
Et d'ajouter : "Nous insistons également sur l’importance d’une « société augmentée » : des progrès en terme de résilience, de solidarité, de démocratie, tout en préservant la diversité et la liberté. Nous envisageons un renouveau de la démocratie, qui ne serait pas dominée par les plus bruyants ou les plus riches, mais où les meilleures connaissances de la collectivité seraient mises en valeur et utilisées à bon escient. Une composante vitale de la démocratie est la suivante : les représentants politiques doivent régulièrement rendre des comptes, afin de s’assurer qu’ils gardent à cœur l’intérêt de tous les citoyens, et pas seulement les désirs d’une élite. Il est également important que la démocratie permette des transitions pacifiques de pouvoir." [2].
Le transhumanisme se défend donc d'une quelconque forme d'élitisme et se veut être un moyen d'amélioration collective et démocratique de nos sociétés aux antipodes des visions que l'on peut s'en faire aux travers des films de science-fiction.
[1] Technoprog, "Droits humains 70 ans après. Dans le mot transhumanisme, il y a d'abord le mot humanisme", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 10/12/2018, https://transhumanistes.com/droits-humains-70-ans-apres-dans-le-mot-transhumanisme-il-y-a-dabord-le-mot-humanisme/ [2] Technoprog, "Un ré-engagement sur la Déclaration Technoprogressiste", 20/11/2017, Association Française Transhumaniste - Technoprog, , https://transhumanistes.com/tpdec2017/
Bienvenue sur Cybersociety - La société cybernétique
Ce site utilise des cookies. En poursuivant votre visite, vous acceptez leur utilisation. Accepter Refuser Fermer